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Évolution, écosystèmes et biodiversité
• L’évolution en direct
La théorie de l’évolution créée par Darwin explique que les individus d’une même espèce présentent toujours de petites différences. Si l’une de celles-ci permet à un individu de mieux s’adapter à son milieu, c’est cet individu qui se reproduira le plus. La différence sera alors transmise à ses descendants, entraînant ainsi une modification de l’espèce au cours des millénaires. Une magnifique illustration de cette théorie a pu être observée au xixe siècle en Angleterre. La phalène du bouleau est un papillon qui possède une forme claire tachetée de noir et une forme plus rare entièrement noire. Ces papillons ont l’habitude de dormir sur les troncs d’arbres argentés des bouleaux sur lesquels les individus clairs sont moins repérés par les prédateurs que les noirs. Au cours de la révolution industrielle, la fumée a noirci tous les troncs d’arbres. Les papillons clairs devenus plus visibles ont été davantage chassés, à tel point qu’à la fin du xixe siècle les phalènes noires représentaient 98 % de la population de ces papillons !
• Le loup et le parc du Yellowstone
Depuis le début du xxe siècle, les loups trop chassés avaient disparu du parc du Yellowstone aux États-Unis. Ce qui avait alors entraîné une forte croissance de la population des wapitis (grands cerfs) et provoqué la disparition de nombreuses espèces d’arbres, comme les saules ou les trembles. Privés de nourriture, les castors avaient eux aussi déserté le parc. Si bien que leurs barrages, qui créaient de petits lacs artificiels au bord desquels certaines plantes se développaient et dans lesquels les truites prospéraient n’existaient plus. En 1995, le loup est réintroduit dans le parc pour réguler la population de wapitis. Sa réintroduction a pour effet, en quelques années, de réduire de moitié la population de wapitis, et donc de redonner leur place aux jeunes arbres et à la végétation. Les berges stabilisées permettent aux castors de se réinstaller et de refaire leurs barrages. Sans oublier que les loups abandonnent les carcasses de leurs proies qui font ensuite
la joie des corbeaux, des grizzlys, des pies et des coyotes !
• La symbiose, clé de la biosphère
La symbiose est l’une des relations les plus importantes de la biosphère. Ainsi, 95 % des plantes terrestres possèdent dans leurs racines des champignons symbiotiques, appelés mycorrhises. Ceux-ci permettent d’absorber des éléments minéraux, tandis qu’en retour, la plante apporte au champignon des nutriments organiques nécessaires à sa croissance.
Et les animaux eux-mêmes pratiquent la symbiose, comme ces termites, qui ne se nourrissent que de bois, et peuvent le digérer grâce aux protozoaires (organismes unicellulaires eucaryotes) qu’ils abritent dans leur système digestif.
Interview :
Interview Sébastien Moncorps
Directeur du Comité français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature )Que pensez-vous de la façon dont les médias traitent les problèmes d’érosion de la biodiversité ?
Ils ont souvent une approche trop parcellaire, centrée sur les problèmes des grandes espèces menacées : c’est démonstratif, mais les enjeux de la biodiversité sont plus larges. Celle-ci recouvre en effet trois niveaux : diversité des écosystèmes (1), diversité des espèces (2) et diversité des gènes (3). Tout en sachant que des interactions multiples existent entre ces trois niveaux. Et en se souvenant aussi que l’homme fait partie intégrante de la biodiversité.
Quelle stratégie adopter afin d’agir efficacement dans ce domaine ?
L’action des conservatoires botaniques et des parcs zoologiques est importante, car elle permet de conserver des espèces et parfois d’en réintroduire dans la nature. Mais l’objectif doit être de conserver les milieux naturels et les espèces « in situ ». La nature exceptionnelle mais aussi celle plus ordinaire. Le terme « conserver »peut évoquer à tort une nature « sous cloche » ou « en conserve », ce qui n’est évidemment pas le but à atteindre. La démarche consiste bien à associer les acteurs de la conservation et la population, dans une démarche de responsabilisation de tous, en décidant de la réglementation ou du changement de certaines activités. Et le parc du Yellowstone, aux États-Unis, dans lequel il n’existe aucune population humaine ?
La démarche de création du parc en 1872 était à la fois esthétique et patrimoniale, mais ce n’est pas une approche exclusive.
Il est indispensable de concilier activités humaines et protection de la biodiversité car cela concerne la majeure partie du territoire.
Deux points me paraissent particulièrement importants à retenir:
1 – Protection de la biodiversité et développement durable sont intimement liés : nos choix de société doivent donc en tenir compte pour notre propre bien-être.
2 – Les services que nous rend le « tissu vivant de notre planète » sont d’une importance vitale, et difficiles à estimer (pollinisation des plantes, épuration des eaux, régulation du climat…). Ce qui veut dire qu’il ne faut surtout pas les négliger : les écosystèmes sont notre assurance-vie !
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